Nos ancêtres communs
Voici très certainement pour beaucoup de polynésiens, lors d’écrits, par le passage des différents navires de l’époque avec à bord les premiers missionnaires, vers les années 1760 / 1770 comment ont démarré les premières généalogies polynésiennes.
Autrefois les généalogies étaient orales, le chef de famille choisissait un membre de cette même famille selon ses aptitudes à mémoriser. De longues heures d’apprentissages s’ensuivaient pour l’élu. Chaque membre de la famille devait être gravé dans sa mémoire, par ses noms et prénoms mais il devait également graver les liens de filiation afin d’honorer les anciens ainsi que chaque lopin de terre qui appartenait a la famille : La terre des ancêtres.
A la recherches des ses ‘’fetii’’
C’est par ses origines que l’humain peut aussi s’identifier, s’attribuer une culture. D’ailleurs, à l’époque, la généalogie orale servait également de carte d’identité – On venait de tel endroit et de telle famille. La généalogie apporte donc la reconnaissance de son passé, de ses ancêtres mais aussi la reconnaissance entre vivants, en les rapprochant suite aux recherches effectuées. Ce n’est qu’a partir du 20e siècle que la généalogie a commence à s’écrire avec l’état – civil.
‘’Toute affaire de terre fait appel à la généalogie’’ Marc TEVANE
La généalogie est – elle, selon vous, une affaire de terre ?
‘’ Toute affaire de terre, forcement, fait appel à la généalogie. Il y a souvent, dans les grandes familles, quelqu’un qui avait une faculté de mémorisation plus importante, une sorte d’archiviste de la famille, en termes de propriété essentiellement. Nous avions donc recours à lui puisqu’il apportait la preuve que cette généalogie donnait droit à la propriété à la terre.
Propriété qui était rarement individuelle, puisque c’était la vie communautaire. Souvent les personnes âgées faisaient, de manière orale, un partage, en disant, ‘’tu viens de te marier, toi et ta famille vous vous installerez là-bas’’. L’avantage était que la famille restait sur la terre familiale, que la famille se connaissait ; contrairement à maintenant où on ne se connaît plus.
Ils s’agissaient donc d’un partage oral. Comment a-t-on ensuite attribué les terres ?
‘’ Par la suite, on a adopte le système occidental : il fallait venir, faire acte de propriété et en apporter les preuves. Il y avait un responsable du clan, qui était chargé des terres. Généralement, on désignait le membre de la famille le plus apte à aller s’expliquer devant la commission d’enregistrement des terres. Mais plus tard, on se rendait compte que ce n’était que la personne qui s’était rendue à la commission, qui avait signé, et qui était propriétaire des terres. Il s’était accaparé les terres, sans le vouloir… (…)
La généalogie était-elle uniquement utilisée à des fins de propriété terrienne ?
«La généalogie permet de s’attacher à la terre familiale. La terre familiale qui recueillait le placenta d’un enfant également. Souvent, on plantait un arbre fruitier dessus et ensuite on nous disait «c’est l’arbre de Tonton untel, de mémé unetel.» C’est aussi une forme de respect à la nature car on n’osera pas couper cet arbre. La généalogie, dans nos traditions polynésiennes, était également utile dans la vie quotidienne. Lorsque l’on débarquait quelque part, on se présentait comme étant de tel coin, et appartenant à telle famille. C’est comme ça que l’on déclinait son identité, en déclinant sa généalogie.
(…) Le système traditionnel des généalogies façon polynésienne ne s’opérait qu’oralement. Aujourd’hui, nos jeunes ne font plus d’effort de mémorisation.
Comme l’on dit chez nous «si l’on n’a pas de généalogie, on est un peu comme un bout de bois qui est trimbalé par la mer, qui revient sur la plage, qu’une autre vague reprend etc.…» et l’on n’a pas d’attache. En polynésien, la parole et le papier constituent le même mot : «Parau». Maintenant, lorsque l’on a perdu la feuille de papier, on a aussi perdu la parole.»…
Interview de Marc TEVANE dans la dépêche du Samedi 29 Novembre 2003
Voici très certainement pour beaucoup de polynésiens, lors d’écrits, par le passage des différents navires de l’époque avec à bord les premiers missionnaires, vers les années 1760 / 1770 comment ont démarré les premières généalogies polynésiennes.
Autrefois les généalogies étaient orales, le chef de famille choisissait un membre de cette même famille selon ses aptitudes à mémoriser. De longues heures d’apprentissages s’ensuivaient pour l’élu. Chaque membre de la famille devait être gravé dans sa mémoire, par ses noms et prénoms mais il devait également graver les liens de filiation afin d’honorer les anciens ainsi que chaque lopin de terre qui appartenait a la famille : La terre des ancêtres.
A la recherches des ses ‘’fetii’’
C’est par ses origines que l’humain peut aussi s’identifier, s’attribuer une culture. D’ailleurs, à l’époque, la généalogie orale servait également de carte d’identité – On venait de tel endroit et de telle famille. La généalogie apporte donc la reconnaissance de son passé, de ses ancêtres mais aussi la reconnaissance entre vivants, en les rapprochant suite aux recherches effectuées. Ce n’est qu’a partir du 20e siècle que la généalogie a commence à s’écrire avec l’état – civil.
‘’Toute affaire de terre fait appel à la généalogie’’ Marc TEVANE
La généalogie est – elle, selon vous, une affaire de terre ?
‘’ Toute affaire de terre, forcement, fait appel à la généalogie. Il y a souvent, dans les grandes familles, quelqu’un qui avait une faculté de mémorisation plus importante, une sorte d’archiviste de la famille, en termes de propriété essentiellement. Nous avions donc recours à lui puisqu’il apportait la preuve que cette généalogie donnait droit à la propriété à la terre.
Propriété qui était rarement individuelle, puisque c’était la vie communautaire. Souvent les personnes âgées faisaient, de manière orale, un partage, en disant, ‘’tu viens de te marier, toi et ta famille vous vous installerez là-bas’’. L’avantage était que la famille restait sur la terre familiale, que la famille se connaissait ; contrairement à maintenant où on ne se connaît plus.
Ils s’agissaient donc d’un partage oral. Comment a-t-on ensuite attribué les terres ?
‘’ Par la suite, on a adopte le système occidental : il fallait venir, faire acte de propriété et en apporter les preuves. Il y avait un responsable du clan, qui était chargé des terres. Généralement, on désignait le membre de la famille le plus apte à aller s’expliquer devant la commission d’enregistrement des terres. Mais plus tard, on se rendait compte que ce n’était que la personne qui s’était rendue à la commission, qui avait signé, et qui était propriétaire des terres. Il s’était accaparé les terres, sans le vouloir… (…)
La généalogie était-elle uniquement utilisée à des fins de propriété terrienne ?
«La généalogie permet de s’attacher à la terre familiale. La terre familiale qui recueillait le placenta d’un enfant également. Souvent, on plantait un arbre fruitier dessus et ensuite on nous disait «c’est l’arbre de Tonton untel, de mémé unetel.» C’est aussi une forme de respect à la nature car on n’osera pas couper cet arbre. La généalogie, dans nos traditions polynésiennes, était également utile dans la vie quotidienne. Lorsque l’on débarquait quelque part, on se présentait comme étant de tel coin, et appartenant à telle famille. C’est comme ça que l’on déclinait son identité, en déclinant sa généalogie.
(…) Le système traditionnel des généalogies façon polynésienne ne s’opérait qu’oralement. Aujourd’hui, nos jeunes ne font plus d’effort de mémorisation.
Comme l’on dit chez nous «si l’on n’a pas de généalogie, on est un peu comme un bout de bois qui est trimbalé par la mer, qui revient sur la plage, qu’une autre vague reprend etc.…» et l’on n’a pas d’attache. En polynésien, la parole et le papier constituent le même mot : «Parau». Maintenant, lorsque l’on a perdu la feuille de papier, on a aussi perdu la parole.»…
Interview de Marc TEVANE dans la dépêche du Samedi 29 Novembre 2003